Qualcomm, la success story à l’américaine
Quelle entreprise peut se targuer d’afficher un chiffre d’affaire de près de 11 milliards de dollars, dont 1.6 de bénéfice net en 2009, après 25 ans d’activité ? Il s’agit de Qualcomm (QUALity COMMunications) créée en 1985, qui a mis au point la technologie CDMA qui allait bouleverser l’industrie des communications mobiles du continent nord américain.
C’est au cours de la conférence annuelle Uplink à laquelle MobiFrance était invité que nous avons pu faire plus ample connaissance avec cette entreprise et visiter l’un de ses centres névralgiques situé en Californie à San Diego.
Qualcomm est présent dans tous les secteurs de la mobilité, comme la diffusion de programmes de télévision sur appareils mobiles, la santé, et plus récemment les écrans réflectifs à très basse consommation. Mais de l’entreprise californienne, on connait surtout les processeurs SnapDragon à basse consommation installés au coeur des MID (Mobile Internet Devices), puis des smartphones HTC (HD2 et Desire) et Acer (neoTouch et Liquid), et du Nexus One de Google. Le Toshiba TG01 présenté à Barcelone en février 2009 fut le premier smartphone a être équipé du SnapDragon.
Ces processeurs ARM embarquent CPU et GPU, 3G ainsi qu’un GPS et une boussole. De nombreux accords de cross-licensing avec différents fabricants de mobiles et de smartphones couvrent la 3G et la 4G dont Qualcomm est à l’origine… Il faut dire qu’avec près de 945 millions d’utilisateurs 3G aujourd’hui et une estimation à plus de 2.6 milliards en 2014, les perspectives d’évolution et les revenus qui en découleront ne peuvent laisser indifférent…
Chez Qualcomm, chaque journée est consacrée à préparer l’avenir… Voilà pourquoi c’est une véritable success story dont l’histoire n’est sans doute pas prête à s’arrêter.
Réalité augmentée : quand le monde virtuel rejoint le monde réel
Si les plus anciens d’entre-vous ont probablement connu le jeu “Rock’Em Sock ‘Em” de Matell sorti en 1965, la génération actuelle pourra jouer avec sa version électronique, à base de réalité augmentée.
Ce jeu représente un ring sur lequel s’affrontent 2 robots dirigés par chacun des joueurs à l’aide de manettes mécaniques qui agissent sur la position du robot, et déterminent les coups portés à l’adversaire.
Dans la version électronique, la caméra de l’appareil mobile devient alors un oeil électronique qui filme une carte spécifique dont plusieurs centaines de points sont reconnus par le logiciel qui fait alors apparaître les 2 robots protagonistes sur leur ring aux écrans des joueurs. Il faut filmer la carte sans discontinuer au risque de faire disparaître les adversaires…
Une démo vaut mieux qu’un long discours…
Le marché semble porteur et Qualcomm croit beaucoup à la réalité augmentée puisque la socité américaine vient d’ouvrir un centre de recherche (Game Studio) à Austin dans le Texas, et offrira très prochainement un SDK “Augmented Reality” (téléchargeable ici). De quoi permettre aux développeurs les plus talentueux de se partager les 200 000 $ de prix offerts à l’occasion d’un concours international. Le remise des prix, 150 000 pour le 1er, 50 000 $ pour le 2nd et 25 000 pour le 3ème, aura lieu au cours du prochain WMC à Barcelone en février 2011.
Contrairement aux logiciels de réalité augmentée actuels qui s’appuient essentiellement sur les données du GPS des smartphones, le SDK de Qualcomm intègre quant à lui un dispositif de reconnaissance d’images. De quoi faire le bonheur des développeurs de jeux qui voient là un nouveau champ d’application.
Bien entendu, les processeurs SnapDragon sont taillés sur mesure pour la RA qui nécessite une configuration plutôt… musclée !
MediaFlo, la TV mobile de Qualcomm
L’une des marques de Qualcomm est MediaFlo dont l’objet consiste à difuser une quinzaine de chaines de télévision sur des terminaux mobiles dédiés ou non.
Le rôle de MediaFlo est de recevoir les flux, de les encoder, d’y ajouter des incrustations ou de la publicité ciblée, de les renvoyer afin de les diffuser sur les terminaux.
Ces opérations nécessitent une constante surveillance des réseaux et équipements depuis un mur d’écrans, tout en gérant les 4 fuseaux horaires en vigueur (Pacific, Mountain, Central et Eastern)
Au cours de cette visite nous a été confié, pour test, un terminal dédié fabriqué par HTC.
Un court test de 2 jours démontre que si la qualité reste très acceptable sur un écran QVGA de 320 x 240, il n’en est pas de même sur des écrans de plus grande définition qui affichent alors des pixels bien visibles. Il n’en reste pas moins que la visualisation d’une trentaine de minutes quotidienne de programmes en mode “replay” a ses adeptes. En effet, si les événements sportifs, les journaux télévisés ou les concerts sont diffusés en direct (avec un décalage de quelques secondes dû au traitement des flux), les autres émissions sont proposées en différé, généralement le lendemain.
Du type de device dépend le mode de diffusion. Le mini téléviseur qui nous a été confié en test ne dépendait en effet pas des réseaux 3G d’AT&T ni de Verizon, mais bien d’un mode de diffusion par antennes hertziennes.
Ce qui n’est pas le cas des téléphones mobiles recevant 15 ou 16 chaines FloTV, proposés par les opérateurs américains.
L’iPhone n’est pas oublié puisque l’accessoiriste Mophie a fabriqué une jacquette batterie intégrant une antenne lui permettant de recevoir les programmes diffusés par MediaFlo.
A noter que la technologie Flo est également présente sous forme de tests au Royaume-Uni, au Japon, à Taiwan et Hong Kong ainsi qu’en Malaisie.
Les réseaux mobiles, qui sont la plus importante plateforme jamais créée, devront s’étoffer au risque de crouler sous le poids des données…
Le nombre d’utilisateurs de 3G devrait en effet passer de 945 millions à 2.7 milliards d’ici à 2014 !
Par ailleurs, une étude récente estime que le trafic mensuel mondial de données mobiles en 2014 devrait être supérieur au total de 2008 !
L’avenir semble porteur pour Qualcomm !
LTE ou le futur de la 4G
L’un des moments phares de la visite de Qualcomm fut sans conteste une démonstration in situ de LTE (Long Term Evolution).
Vous avez rêvé de débits de l’ordre de 50 Mo/s en download et de près de 20 Mo/s en upload ? Qualcomm l’a fait !
C’est dans un van truffé d’antennes et d’électronique que nous avons embarqué pour un tour d’une vingtaine de minutes dans San Diego afin de tester un réseau, certes très disponible puisque non ouvert au public, mais aux capacités assez bluffantes.
Le but ? Démontrer que des flux simultanés comme une vidéo HD en 720p, un téléchargement et une viso conférence avec les bureaux de Qualcomm ne souffraient d’aucune perte de signal en passant d’une antenne à une autre, avec un ping de l’ordre de 30 ms.
Bien entendu, toutes les conditions étaient réunies pour ce test, et le réseau n’est pas public, mais les ingénieurs de Qualcomm travaillent d’arrache pied pour faire de la 4G une vraie réussite technique.
Si le WiMAX reste confidentiel, le LTE est bien la norme promue par le 3GPP (3rd Generation Partnership Project) et en cours de standardisation pour les futurs réseaux 4G dont l’installation doit débuter en France dès l’année prochaine.
Mirasol, l’écran du futur ?
Cette technologie d’affichage directement inspirée du biomimétisme qui consiste à prendre la nature comme modèle, permet à Qualcomm de fabriquer dans sa toute nouvelle usine de Longtan Science Park à Taiwan, des écrans réflectifs à faible consommation électrique.
Ces écrans utilisent la technologie MEMS (Micro Eletro-Mechanical Systems) qui sont en cours de développement depuis une dizaine d’années, et qui arrivent à maturité.
Le fonctionnement est simple mais la mise en œuvre complexe. L’affichage manipule la lumière grâce à des éléments mécaniques de l’ordre du micron et moins.
Chaque pixel est composé d’éléments MEMS qui affiche une couleur spécifique en fonction de la profondeur de réglage de la membrane réflective, avec une tension très faible et sans devoir être alimenté en permanence, un peu comme sur les écrans à encre électronique.
Du coup, Qualcomm affirme qu’un écran Mirasol de 5.7″ n’a besoin que d’une batterie de 2100 mAh pour jouer une vidéo pendant 10 heures, alors qu’un écran LCD de 6.1″ nécéssite une batterie de 4200 mAh.
A la prise en main, le résultat est saisissant et l’affichage ne ressemble à rien de connu, si ce n’est aux couleurs affichées par les ailes des papillons, c’est à dire assez “métalliques”. De même, le blanc n’est pas vraiment blanc en lumière artificielle.
La comparaison avec un iPad est intéressante. En effet, en lumière directe ou en plein soleil, la technologie Mirasol prend tout son sens : elle se sert de la lumière externe pour refléter les couleurs, sans aucun rétro-éclairage. En revanche, dans la pénombre, les couleurs éclatantes de l’iPad sont beaucoup plus agréables, mais consomment une énergie bien plus importante qu’un écran Mirasol qui se contente de 3 fois moins de courant…
Quel avenir pour cette technologie ?
Qualcomm vise dans un premier temps les eBooks et Cheryl Goodman, à la tête du marketing de Mirasol, nous a confirmé qu’une grande marque (sans plus de précision…) allait adopter un écran Mirasol pour son prochain livre électronique. La marque ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et la roadmap vise clairement les smartphones pour 2013.
Il n’en reste pas moins qu’au vu du rendu actuel un peu fade des couleurs en environnement moyennement éclairé, les écrans LCD et l’AMO-LED ont sans doute encore de beaux jours devant eux…
Wireless Health “Every Body on the Net”
Les activités de Qualcomm consistent essentiellement en de la recherche et développement. Et celles-ci couvrent beaucoup d’aspects différents, dont la santé.
Si Qualcomm ne fabrique rien en ce domaine, Don Jones, le VP de Qualcomm Health & Life Science, nous présenté de nombreux produits embarquant les technologies développées par la marque, comme un stéthoscope Bluetooth qui peut détecter et enregistrer un incident pour le transmettre par téléphonie mobile.
Nous avons également vu des appareils mobiles enregistrant le rythme cardiaques et les constantes vitales d’un patient, et ne les transmettant qu’en cas de problème avéré à un terminal, et même des pilules sans fil ! Celles-ci contiennent une mini batterie et une sonde, qui une fois avalées et leur enveloppe digérée, communiquent des données telles que le PH à un implant ou encore à un capteur externe qui peut envoyer les données à un terminal en cas d’alerte.
Selon Qualcomm, les projections indiquent que le secteur de la santé mobile sans fil représentera un chiffre d’affaire de l’ordre de 7 milliards de $ pour l’industrie en 2012…
Fiche d’identité
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